Avenue Royale
Lancés il y a plus de trente ans, les travaux de l’Avenue Royale ambitionnent de relier le centre-ville de Casablanca à son littoral, en créant une artère emblématique au cœur de la métropole. Une artère large, droite, symbole d’élan urbain, de projection vers l’avenir.
Pour qu’elle existe, il faut détruire. Détruire une partie de la médina extra-muros, déclarée d’utilité publique. Plus de 1 700 logements jugés insalubres, 11 500 ménages promis au relogement. Mais le projet s’enlise. Trop de promesses. Trop d’acteurs. Trop de lenteur.
Et pendant ce temps, les gens vivent entre.
Entre passé et avenir.
Entre murs debout et murs effondrés.
Entre la crainte d’être expulsés et l’espoir d’un vrai toit.
Entre un quartier qu’on ne peut plus habiter et un autre où l’on ne veut pas aller.
En juin 2025, le projet devrait aboutir et ce quartier sera transformé, laissant place à la nouvelle infrastructure urbaine planifiée depuis les années 80.
Launched more than thirty years ago, the Avenue Royale project aims to link Casablanca's city centre to its coastline, by creating an emblematic artery in the heart of the city. A wide, straight artery, a symbol of urban momentum, of projection towards the future.
For it to exist, it had to be destroyed. Destroy part of the medina outside the city walls, declared to be in the public interest. More than 1,700 homes were deemed unfit for habitation, and 11,500 households were promised rehousing.
But the project got bogged down.
Too many promises.
Too many players.
Too many delays.
And in the meantime, people are living between the past and the future. Between standing walls and crumbling ones.
Between the fear of eviction and the hope of a real home.
Between a neighbourhood they can no longer live in and another they don't want to go to.
By June 2025, the project is due to be completed, and the area will be transformed, making way for the new urban infrastructure that has been planned since the 1980s.


















The Moon in us
Depuis l’Antiquité, le cycle menstruel est associé aux phases lunaires. Si la science peine à prouver ce lien, nombreuses sont celles qui ressentent ou souhaitent se connecter à une synchronicité intime avec les rythmes naturels.
Ce projet explore ce que la rationalité peine à saisir : l’écoute du corps, la cyclicité, l’expérience féminine. Mais dans une médecine encore largement androcentrée, ces expériences restent marginalisées.
Cette série interroge la tension entre savoirs scientifiques et intuitifs, entre rationalité et sensibilité.
Que se passerait-il si la science démontrait ce lien ? Serait-il reconnu, ou toujours suspect ?
Since ancient times, the menstrual cycle has been associated with the phases of the moon. While science struggles to prove this link, many women feel or wish to connect with an intimate synchronicity with natural rhythms.
This project explores what rationality struggles to grasp: listening to the body, cyclicity and the feminine experience. But in a medicine that is still largely androcentric, these experiences remain marginalised.
This series considers the tension between scientific and intuitive knowledge, between rationality and sensitivity.
What would happen if science proved this link? Would it be recognised, or still suspect?










Si je marche vite, c'est pour éviter les regards, les commentaires et les frôlements.
Si je fais semblant de téléphoner, c’est pour éviter d’être abordée.
Si je jette des coups d’oeil par dessus mon épaule, c’est pour m’assurer de ne pas être suivie.
Si je baisse les yeux, c'est pour ne pas croiser les regards suspects.
Si je serre mon sac, c'est un réflexe de protection.
Ce projet photographique explore la place des femmes dans l'espace public à travers une série d'images fragmentaires et tendues. Il se concentre sur des gestes infimes et des stratégies quotidiennes. Les photographies donnent corps aux pensées silencieuses qui accompagnent chaque pas. Ces images dessinent une tension constante : celle d'un espace traversé sous surveillance, où chaque geste est négocié entre ce que l'on met en place pour se protéger, et ce que l'on entend sans l'avoir demandé. Le projet propose une cartographie sensorielle et politique de l'espace public à travers l'expérience féminine, une expérience de tous les instants.

















Est-ce que ça fait mal ?
Cette série explore la vulnérabilité universelle qui traverse toutes les formes de vie et de ce qui persiste dans la perte.La sève qui continue de monter dans l'arbre coupé, la mémoire qui travaille le quotidien des vivants et cette "insoutenable légèreté" de l'existence qui nous révèle la profondeur des liens invisibles.
Je cherche à capturer la fragilité qui nous relie par-delà les espèces et par-delà la mort, à l'image de ces affections pures qui donnent un sens au fardeau de la vie.
À travers une lumière naturelle et des tons sourds, je cherche à faire exister ces liens invisibles. À montrer que ce qui semble perdu continue d'œuvrer, de nous traverser, de nous changer. Que la perte n'est pas une fin mais un passage, une autre façon d'habiter le monde, où chaque instant éphémère est paradoxalement empreint d'une gravité durable.
Does it hurt ?
This series explores the universal vulnerability that runs through all forms of life, and what persists in the face of loss.The sap that continues to rise in the cut tree, the memory that works on the daily life of the living and this “unbearable lightness” of existence that reveals to us the depth of invisible links.
I seek to capture the fragility that links us across species and beyond death, in the image of those pure affections that give meaning to the burden of life.
Using natural light and muted tones, I seek to bring these invisible links to life. To show that what seems lost continues to work, to cross us, to change us. That loss is not an end but a passage, another way of inhabiting the world, where each ephemeral moment is paradoxically imbued with a lasting gravity.








